

LE CRI EST MUET
De 2015 à 2017, les Têtes à cri que je dessinais avaient une bouche. Béante et distordue. Elle représentait l’idée qu’on se fait du cri de la même façon que le bleu représente l’idée qu’on se fait du ciel. Mais le cri ne déchire pas l’air, il nous déchire. Il crée en nous cette trouée qui devient chambre d’écho de l’indicible. Le cri est clos, il existe au revers de soi et n’ouvre qu’à l’intérieur cet espace dangereux qui rend plus sensible encore la distance au monde. Le cri


TERRITOIRE DE LA PENSEE
Il y eut un moment, enfant, où je courais en tenant ma tête entre mes mains. On m’en demanda la raison : j’avais peur que mes pensées m’échappent. Je ne tiens plus ma tête entre mes mains mais le sentiment que nos pensées sont notre bien le plus précieux ne m’a pas quitté. L’espace de la rêverie, le territoire de la pensée, me semble un paysage infini qui permet un double mouvement : celui d’aller sonder loin en soi pour s’ouvrir au monde. De l’intime à l’universel. Ma tête e


UNE MENACE
Les vieilles photographies d’enfants ont cela de particulier qu’elles fixent ce que nous avons perdu si vite et que nous questionnerons le reste de notre vie. Elles nous entrainent aussi vers des pensées vertigineuses : nous avons dépassé l’âge de celui qui nous regarde et pourtant il est notre ainé dans la mort. On l’a toujours su : des milliards de visages se sont succédé avant le nôtre, des milliards d’autres nous succéderont. Et derrière ces visages des milliards de vies